La réunion 4

Les cases créoles

On pourrait plutôt souvent parler de demeures, tant elles sont belles et travaillées

L'âge d'or de ces constructions dure environ un siècle, du milieu du 18 ème au milieu du 19 ème . La mode est alors au néoclassisisme avec frontons pilastres ... et bien sûr, les fameux lambrequins, inspirés de l'inde.

Le choix des matériaux est bien limité : bois essentiellement : bois de natte, de fer, de tamarin (beaucoup d'autres que je ne connais pas). Le basalte est aussi utilisé, parfois des tuiles.

Comme il fait chaud, la plupart des maisons ont des vérandas, les varangues, lieux favoris de réception

L'ère de l'automobile et l'importation d'essence dans des bidons de 1 gallon va permettre de reconvertir les bidons en toiture, on parle alors de "bois sous tôle" pour ces modestes maisons

Devant la case créole, il y a très souvent des allées rectilignes plantées d'arbres, conduisant à la varangue toujours présente dans ces maisons coloniales . C'est la proximité de l'Inde et surtout les nombreus artisans indiens qui ont permis ces jolies finitions de bois ou de métal, les lambrequins; ils rassemblent les gouttes de pluie et les dentelles de bois laissent paser cet air frais dans les maisons naturellement climatisées

Ces maisons évoquent les maisons coloniales des Antilles, de la Louisiane

Mon tour des maisons créoles va commencer par les jolies demeures de Hell Bourg dans les "hauts" et qui permettaient de se rafraichir à la saison chaude , on les appelait les cases de "changements d'air", évidemment, souvent résidences secondaires de colons qui avaient les moyens .C'était aussi un moyen d'éviter le paludisme.

La ville actuelle oeuvre activement pour la restauration de ce patrimoine

Quand on a fait fortune, on aime montrer sa réussite dans les grandes avenues des grandes villes, comme dans la rue de Paris à Saint Denis ; De nombreuses maisons ont été restaurées

Il y a peut être quelques erreurs, que ceux qui connaissent parfaitement me pardonnent, il y a tant de choses à découvrir!!!!!

Ces nombreuses maisons servent maintenant souvent de maisons de culture, maison d'art .......mais souvent hébergent aussi de nombreux services du conseil général

Il y a aussi des maisons beaucoup plus simples et des maisons qui attendent des fonds pour être restaurées...

Le Guetali (guetter à lui) était un lieu important : petit kiosque ouvert, placé souvent au coin du jardin, dominant la rue ou mieux un carrefour . Il permettait de regarder sans être vu et de "moucater" les passants

De nombreuse classes viennent visiter le petit musée de peinture, c'était amusant d'entendre parler des impressionnistes ....., ils n'avaient pas l'air très intéressés, j'ai repensé à nos élèves auxquels on avait payé l'entrée très chère du grand musée d'Amsterdam et qui étaient sortis au bout de 10 minutes!!!!!!!!!

Je quitte Saint Denis et je vais vers Saint Pierre, grâce aux cars jaunes qui sillonnent l'île dans tous les sens

De nouveau, grâce aux cars jaunes, je pars à la découverte d'un petit village des hauts L'Entre-Deux, drôle de nom ? ce village se trouve entre deux rivières, le bras de la plaine et le bras de Cilaos ; C'est un village où il reste pas mal de cases créoles mais qui est réputé pour ses artisans ou plutôt artisanes, j'en ai rencontré 2 vraiment épatantes

Nouvelles constructions réussies, je trouve!

Les boutiques

Françoise Payet et Justine Técher , femmes artisans

J'ai été vraiment émue par ces rencontres tant ces femmes étaient vraies et bosseuses depuis leur jeunesse. Je n'ai encore jamais parlé de la langue créole que je ne comprends presque pas mais que j'essaie de deviner et puis je leur pose des questions quand c'est trop hérmétique

Françoise a 85 ans , ne trouve plus personne pour l'aider à préparer le choca : le choca vert est une sorte d'agave qu'il est très difficile de préparer, en tout cas elle n'en avait plus la force : il faut râcler la feuille, enlever la pulpe avec des outils ad hoc jusqu'à obtenir les fils extrêmement solides, dont on peut faire des ficelles et des cordages pour les bateaux . Françoise en fait des savates et des quantités de petits objets porte clés

Justine habite très haut dans le village et j'ai failli abandonner mes recherches, heureusement tout en haut de la côte, la rue s'arrêtait et j'ai trouvé sa case minuscule, son mari est mort et elle vit de son travail de tressage, extrêmement diversifié pour les matériaux

Voici la vue que l'on a en arrivant là haut vers la montagne et vers la mer

Tout d'abord, le vacoa, il faut le couper vert, le faire sécher au soleil pendant une semaine mais le retourner régulièrement pourqu'il soit bien blanc. Pour le travailler , le mettre dans un torchon humide

Voici le pandanus ou vacoa et les sacs bertel (à bretel quoi!!) tressés en vacoa

Avec le choca vert elle fait de drès beaux chapeaux, des pantoufles, j'ai essayé , ce n'est pas très doux aux pieds. C'est elle même qui teint ses fibres de choca. Elle fait aussi plein de pantoufles avec les morceaux de tissu qui lui restent, moins jolis mais beaucoup plus doux aux pieds!

Voici un plant de choca vert

Elle travaille vraiment tous les matériaux possible, l'gapanthe par exemple, assez facile à utiliser, dit elle . Ce sont les chapeaux blancs

Elle utilise aussi les lianes de chèvrefeuille: panier pointu

Justine récupère sur les marchés les ficelles de plastique et en fait une quantité de paniers et de bertels evidemment. Les bertels sont utilisés pour mettre les outils et ce dont les agriculteurs ont besoin pour travailler dans les champs.

Elle fait aussi une quantité d'objets en bolduc, chapeaux bleus

Et , pour se "moderniser", elle achète au marché de grandes feuilles de sisal de couleur, faites en chine et elle fait des sacs à main